Pascal Dusapin, compositeur né en 1955, semble composer une musique à la fois atonale et étrangement sensuelle, non abstraite, « humaine ». Comment s’y prend-il ? Peut-être en transcrivant à l’instrument sa propre voix quand elle gémit, ou simplement quand elle parle. On obtient ainsi ces lignes glissées, réduites en hauteur, utilisant des « modes » restreints. C’est alors qu’il faut vérifier que l’intonation est déjà, parfois, une « quasi-musique » presque modale, à notre insu, nous qui l’utilisons dans chacune de nos phrases. Ce quasi-mode, en fait, serait peut-être le premier code véhiculé par la voix, le code des affects indicibles : le ton. L’intonation serait alors une communication objective (compréhensible par tous) de la subjectivité. Dusapin, comme peut-être Monteverdi, Moussorgski, Janacek, Varèse avant lui, amplifie alors ce code des affects intonatifs, retourne au ton, quand la musique tonale avait déjà idéalisé celui-ci sur la partition, et une certaine musique atonale l’avait perdu en idéalisant, elle, la codification de la partition elle-même, développant ainsi la pensée positiviste qui est peut-être déification du code écrit, quand le code oral intonatif charrie la magie, le mythe, le sacré étrangers au mot pour lequel ils sont subjectivité, mais non pas au son pour lequel ils sont objectivité. Pascal Dusapin s’inscrit dans la tradition de crudité vocale de toute la musique du XXe siècle, à ceci près qu’il retourne au naturalisme d’une imitation par l’instrument (celle du ton), ce qui cette fois l’éloigne de l’esthétique « négative » laquelle, du mythe, ne véhicule que celui, faux parce qu’écrit, de l’histoire de la musique.
- ISBN: 9782951238664
- Editorial: Editions MF
- Encuadernacion: Rústica
- Páginas: 216
- Fecha Publicación:
- Nº Volúmenes: 1
- Idioma: